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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


intérêts de la prétendue affaire Rothschild[1]. « Hélas ! s’écria-t-il, tout craque, et cet imbécile de ministre des finances (Cochery) veut faire un impôt sur les valeurs de Bourse[2] ! »


VIII

Malgré l’apparent échec, Mathieu Dreyfus se sentait fort encouragé : des sympathies nouvelles lui étaient venues ; surtout, il avait enfin le fac-similé du bordereau. Un heureux hasard lui apportera peut-être l’écriture du vrai coupable. En attendant, il demandera aux graphologues les plus qualifiés, en France et à l’étranger, d’expertiser l’écriture du bordereau et celle de son frère. Il publiera alors leurs rapports. Ce travail dura six mois.

L’historien Monod fit la première expertise[3] ; elle fut formellement négative : le bordereau, malgré une certaine similitude, qui disparaît à un examen attentif, n’est pas de Dreyfus. Les autres graphologues conclurent de même. La plupart émirent l’avis que l’écriture du bordereau est spontanée, naturelle[4] ; trois

  1. Cass., II, 243, Esterhazy.
  2. Lettre d’août 1897.
  3. Cass., I, 458, Monod. — Cette expertise n’a pas été publiée. Monod la fit à la demande de Bernard Lazare, son ancien élève à l’École des hautes-études. Il ne connaissait encore aucun des Dreyfus.
  4. Gustave Bridier (d’Issoudun), A. de Rougemont (de Neufchâtel), E. de Marneffe (de Bruxelles), Walter de Gray-Birch (employé au département des manuscrits du British Museum), Thomas Henry Gurrin (expert du ministère des Finances, de la Préfecture de Police, de la Banque), J. Holte Schooling