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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS

Henry, dans cette lettre prévenait Picquart « qu’il résultait de l’enquête[1] » poursuivie au ministère, à la suite de la note du colonel, que le mot « mystère », qui y était contenu, s’appliquait à trois ordres de faits qui s’étaient produits, en 1896, à la section de statistique :

1° Ouverture d’une correspondance étrangère au service et dans un but que personne ici n’a compris ; — 2° Propositions faites à deux membres du personnel de la section de statistique et qui consistaient à témoigner, le cas échéant, qu’un papier classé au service avait été saisi à la poste et émanait d’une personne connue ; — 3° Ouverture d’un dossier secret et examen des pièces y contenues au sujet desquelles des indiscrétions se produisirent dans un but étranger au service.

On a « les preuves matérielles de ces faits ». « Quant au mot mensonges également contenu dans la note précitée, l’enquête n’a pu déterminer encore où, comment et à qui ce mot doit s’appliquer. »

Les dernières illusions de Picquart tombèrent : quoi, Henry, lui aussi[2] !

Ces menaces, dans leur obscur jargon, sont claires pour lui. Il est accusé d’avoir indûment saisi la correspondance d’Esterhazy, d’avoir cherché à suborner des officiers, d’avoir divulgué le dossier secret, et d’avoir menti à ses chefs[3].

  1. Instr. Fabre, 61, Boisdeffre : « La lettre d’Henry ne pouvait être le point de départ d’une enquête quelconque. » 105, Picquart : « Je le crois bien puisque, d’après l’affirmation d’Henry, l’enquête avait eu lieu avant. » 141, Henry : « Si j’emploie cette expression, c’est que j’ai tenu, avant de lui écrire, à m’assurer près de mes collaborateurs que ce que je voulais lui reprocher personnellement était exact. » — Cass., I, 258, Gonse : « Le mot enquête était exagéré. »
  2. Instr. Fabre, 193, Picquart.
  3. Procès Zola, I, 289, Instr. Fabre, 180, Picquart.