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SCHEURER-KESTNER


devenue inhabitable[1]. Plus d’air, plus de lumière. Le médecin déclara que la mort était certaine s’il restait dans ce tombeau ; il exigea la construction d’une autre case[2].

En août, pendant que les forçats — dont un autre innocent, l’un des frères Rorique[3] — achevaient de la bâtir, Dreyfus fut de nouveau enfermé[4].

Le 25 août, il fut transféré dans la nouvelle case, au sommet du mamelon, entre le quai et l’ancien campement des lépreux. Il l’examina : « Ah ! on va m’enterrer ici[5] ! »

La construction, en bois, un peu plus haute et plus spacieuse que la première, était divisée en deux parties par une solide grille de fer. D’un côté, l’homme ; de l’autre, le surveillant « qui ne peut le perdre de vue un seul instant ». « Des fenêtres grillées, que le déporté ne peut atteindre, laissent passer le jour[6]. » Plus tard, aux barreaux de fer fut ajouté un second grillage, en mailles de fer très serrées, qui interceptaient l’air du dehors. Devant chaque fenêtre de cette fournaise (pour que le redoutable captif n’en puisse approcher, y respirer par les journées et les nuits torrides), deux panneaux, l’un de fer, l’autre de tôle[7]. « Une palissade en bois, à bouts pointus, entoure la case et masque complètement la vue[8]. »

  1. Cinq Années, 269.
  2. Rapport du 26 mai 1897.
  3. Eugène Degrave, Affaire Rorique, le Bagne, 209 : « Plus tard, je fus attaché à une corvée volante qui passait à l’île du Diable tous les matins et revenait le soir ; nous allions là pour bâtir une nouvelle prison pour le capitaine Dreyfus, une nouvelle caserne pour les quatorze argousins qui le gardaient et une espèce de tour que nous avions baptisée la Tour Eiffel. »
  4. Cinq Années, 268.
  5. Rennes, I, 252, Rapport de Deniel du 25 août 1897.
  6. Rapport du 26 août.
  7. Cinq Années, 274.
  8. Rapport du 26 août.