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LA COLLUSION

Celui-ci se trouvait précisément à Tunis, où il était venu prendre les ordres du général au sujet de sa mission à la frontière tripolitaine. Il écrivit une déclaration très nette : aucune femme n’a pu lui dérober de documents, attendu qu’il n’a jamais sorti du ministère aucune pièce de son service ; il n’a jamais eu de relations avec des femmes employées à l’espionnage ; il ne les connaît même pas de vue. Il rentra alors à Sousse, attendant. Leclerc lui recommanda de persévérer « dans une franchise absolue[1] ».

Une instruction judiciaire s’imposait contre Esterhazy, détenteur, de son propre aveu, d’un document volé. Billot fit charger Henry d’une vague enquête[2]. Gonse, par contre, prescrivit de saisir, à la poste, toute la correspondance de Picquart.

XVII

La presse fait l’opinion et l’opinion est devenue la conscience des Assemblées.

Scheurer s’en aperçut dès qu’il retourna au Sénat. Jusqu’alors, il n’y avait compté que des amis. L’accueil fut froid. Les plus fermes républicains lui en voulaient d’avoir provoqué un pareil trouble, et avec une telle maladresse, annonçant, laissant annoncer des révélations décisives qui étaient sans cesse retardées. Il devenait compromettant. Trarieux, Bérenger, pour s’être

  1. Procès Zola, I, 290 ; Instr. Fabre, 171 ; Cass., I, 198 ; Rennes, I, 461, Picquart.
  2. Procès Zola, I, 138, Boisdeffre ; Cass., I, 12, Billot ; I, 264, Boisdeffre ; I, 567, Gonse ; Enq. Pellieux, 28 nov., Henry.