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LA COLLUSION


Dreyfus ; une autre pièce est « très compromettante » pour lui ; XY l’avait, sottement, introduite dans son dossier. « Elle a été retirée depuis ; elle se retrouvera peut-être. » En effet, « ce dossier a été compulsé par quelqu’un qui s’était associé, de bonne foi d’abord, à cette œuvre, mais qui, écœuré enfin de tant d’ignominies, prévint la victime ».

Cet article de Dixi était beaucoup plus divertissant que celui de Vidi ; c’était un roman de Ponson du Terrail ou de Gaboriau. La petite minorité des gens sensés haussa les épaules ; à l’immense majorité des lecteurs, cela parut plus vraisemblable que la plate vérité. Et c’est, en germe, tout le plan de campagne de l’État-Major, qui fut méthodiquement suivi.

XXVI

Dans la soirée, le document libérateur rentra au ministère de la Guerre.

Précédemment, Esterhazy avait tenu à confier à Du Paty que c’était la pièce « Canaille de D… » Du Paty, très fier d’avoir deviné juste, dit qu’il connaissait la pièce, « qu’elle était zébrée » et qu’il fallait la rendre[1]. Esterhazy insinua que la pièce avait été montrée, en 1894, par Boisdeffre au colonel Maurel, avant le jugement. Du Paty affirma que c’était un mensonge et lui fit jurer de ne pas le propager[2].

Il n’avait jamais été détenteur du document original ;

  1. Cass., II, 195, Enq. Renouard, Du Paty.
  2. Instr. Tavernier, 17 juin 1899, Du Paty.