Tavernier n’explique pas pourquoi Henry laissait parfois des pièces françaises dans les cornets et alors, en avisait Lauth. Était-ce pour faire croire à Picquart qu’il ne procédait pas à une première visite des paquets ? Lauth, avisé, était-il son compère ?
Tavernier, qui va conclure que le petit bleu est un document forgé ou falsifié, ajoute :
N’y a-t-il pas lieu de s’étonner que l’attention d’Henry, qui procédait toujours à ses triages avec grand soin, n’ait pas été attirée tout d’abord par la couleur des débris du petit bleu ? Si on admet que, pour une raison quelconque, Henry ait laissé le débris dans un paquet, on se demande pourquoi, contrairement à son habitude, il n’en a pas averti Lauth.
Dès lors, Tavernier incline à croire qu’Henry était absent quand est arrivé le cornet qui renfermait le petit bleu. Lauth, à Rennes (I, 618), semble se réfugier, ainsi que Roget (I, 269), derrière cette dernière invention. Lauth oublie qu’il a reconnu précédemment (Instr. Fabre, 28) que « cette pièce lui a été remise par Picquart, qui, lui-même, l’avait reçue, avec les petits paquets, des mains d’Henri ».
Quand Henry convient qu’il procédait toujours, sous Picquart comme sous Sandherr, à la visite préalable des cornets, et quand Lauth, Gonse, Roget, Tavernier, confirment cet aveu, il est manifeste que les uns et les autres poursuivent le même but : faire croire que Picquart a fabriqué le petit bleu, puisqu’Henry n’en a point aperçu les fragments dans le cornet. Il s’agit de convaincre Picquart d’un faux, d’une supercherie : qu’importe dès lors
- ↑ Lauth : « Cela ne pouvait constituer qu’un fait anormal et tout à fait en dehors de ses habitudes s’il ne l’avait pas fait. »