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L’ENQUÊTE DE PELLIEUX

Pellieux, pour donner plus de relief à la chevalerie d’Esterhazy, ne s’y arrêta pas et remit son rapport à Saussier. Il avait précédemment reçu la visite de Mercier qui lui attesta que Dreyfus était coupable[1]. Les commandants des corps d’armée étaient alors réunis à Paris, pour la commission de classement ; ils firent une démarche auprès de Félix Faure, lui montrèrent l’armée indignée de voir soupçonner ses chefs et, déjà, frémissante. Mercier se répandit en affirmations, le prit de très haut avec Billot,

Cette parodie de la justice mettait Saussier à l’aise ; car il allait satisfaire à la fois (au fond) les protecteurs d’Esterhazy et (en apparence) les défenseurs de Dreyfus. Sur l’invitation de Billot et d’accord avec Boisdeffre, il refusa de ratifier les conclusions de Pellieux[2] et signa un ordre d’informer (4 décembre 1897).

XV

La préparation du triomphe de Boisdeffre fut plus laborieuse.

Les partisans de la Revision contrôlaient leurs informations avec beaucoup de soin et s’abstenaient de toute nouvelle hasardée. Il leur arriva de se tromper et d’être

  1. Écho de Paris du 4 décembre 1897.
  2. Billot dit « qu’il invita lui-même Saussier à donner l’ordre d’informer ». (Cass., I, 13 ; Rennes, I, 174.) Méline, au contraire, dit à la Chambre que « Saussier avait décidé librement ». (4 décembre 1897.) De même, le 13 décembre 1900 : « J’affirme, sans crainte d’être démenti, que le jour où le procès Esterhazy a été ouvert, le ministre de la Guerre n’est intervenu en rien dans ce procès, ni de près ni de loin. »