que, fût-il malheureux ou égaré, de l’homme qui est venu tout à l’heure expliquer sa conduite. Il nous montre, cet homme, par son exemple, ce que l’âme humaine recèle parfois de générosité et de bonté. »
Le Sénat faisait à Scheurer l’aumône des circonstances atténuantes : c’était un brave homme, mais trompé par des coquins.
Scheurer, vaincu, ne voulut pas le paraître ; d’ailleurs, il avait emporté le point principal : Billot n’avait plus osé invoquer la chose jugée comme un obstacle légal à une nouvelle expertise du bordereau. Scheurer le constata : « Toutes les pièces seront versées au procès, nous a dit le ministre de la Guerre, y compris le bordereau qui est la pièce essentielle de l’instruction. Je ne demandais que cela et je prends acte de cette promesse. »
Les radicaux, très excités, Peytral, Baduel, Bernard, eussent voulu que le Sénat exprimât sa confiance « dans l’œuvre de la justice », et « prît acte » seulement « des déclarations du Gouvernement ». Cela fut repoussé[1]. On vota, à l’unanimité[2], un ordre du jour qui « approuvait les déclarations du Gouvernement ». Il était signé des présidents des trois groupes de gauche.
Le Sénat, à la différence de la Chambre, ne s’était pas aplati sous le sabre[3], mais il n’avait pas été plus clairvoyant.
- ↑ Par 206 voix contre 56.
- ↑ Par 221 voix.
- ↑ Le Provost de Launay tenta sans succès une diversion contre les journaux qui défendaient la revision. Il accusa Scheurer d’inspirer le Figaro et les auteurs de ces articles « de ne pas être de race française, par conséquent d’être incapables de penser, de sentir et de souffrir comme nous », — comme lui.