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L’ACQUITTEMENT D’ESTERHAZY


d’Henry. Et Du Paty, aussitôt, de rassurer Esterhazy :

Oui, on a fait venir R… et on lui a montré tout ce qu’il fallait. Ce que dit votre avocat est stupide. Exécutez absolument ce qui vous est dit et n’en sortez pas[1].

Désormais, et tous les soirs « sans exception », Ravary adressa à Gonse le compte rendu de ses auditions quotidiennes. Quelques heures plus tard, Henry ou Du Paty en transmettaient le résumé à Esterhazy et lui indiquaient les réponses à faire ; quand il avait un renseignement spécial à demander, il envoyait sa maîtresse où son cousin chez Du Paty. Il connut ainsi toute la marche de l’instruction.

Vous serez interrogé demain, lui écrivit Du Paty, sur vos rapports avec Schwarzkoppen. Maintenez-vous absolument sur le terrain qui a été convenu, et ne vous laissez aller à entrer dans aucun détail[2].

Ainsi fut fait[3].

Mathieu Dreyfus raconta les propos de la fille Pays à l’architecte Autant, quand Esterhazy fit mettre son bail au nom de sa maîtresse et parla de se tuer.

Esterhazy, prévenu, envoya Marguerite chez Autant, le sommant de tout nier. Elle adressa des lettres de menaces au propriétaire de la maison[4].

De même, pour l’Alibi-office, pour la lettre anonyme à Hadamard[5].

  1. Cass., I, 587, Esterhazy.
  2. Note du 14 décembre 1897. (Dép. à Londres, 5 mars 1900.)
  3. Instr. Ravary, 15 décembre. (Cass., II, 118.
  4. Procès Zola, II, 176, Stock.
  5. Instr. Ravary, 20 décembre, Mathieu Dreyfus.