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L’ACQUITTEMENT D’ESTERHAZY


m’a chargé de vous faire cette communication ; elle est faite. À vous de réfléchir. »

Et, très content de lui-même, le bon jeune homme se retira[1].

IV

Il fallut passer par où voulait Esterhazy.

On régla, d’abord, l’affaire du bordereau. Couard, Varinard et Belhomme travaillaient au Cherche-Midi « avec Ravary », dans la même chambre[2] ; chapitrés, tour à tour bousculés et flattés, ils conclurent « à l’unanimité » et « en leur honneur et conscience » que le bordereau n’était pas l’œuvre d’Esterhazy et qu’il présentait toute l’apparence d’un faux, « avec des parties de calques[3] ».

Belhomme — « l’idiot », au dire d’Esterhazy, — rédigea, en leur nom, le rapport.

« Le bordereau, sans date et sans signature, lacéré en morceaux de forme irrégulière, apparaît, au premier coup d’œil, comme un document suspect. » En effet, « cette pièce est tracée sur du papier pelure d’une telle transparence qu’elle suggère immédiatement l’idée qu’elle a pu être calquée sur d’autres documents auxquels on aurait emprunté soit des mots entiers, soit des parties

  1. Cass., II, 232 ; Mémoire, 70 et 103, Christian. — « Quelques jours après, dit Christian (II, 232), une explication eut lieu entre Du Paty et Mme Pays, et celle-ci, au nom d’Esterhazy, désavoua ma démarche ; je n’ai pas revu Du Paty. » — Du Paty raconte qu’il mit Christian à la porte (Cass., II, 195). — Plus tard, Esterhazy écrivit à Christian : « Du Paty ne t’en veut nullement. » (II, 232, 249.)
  2. Rennes, II, 477, Couard.
  3. 26 décembre 1897.