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L’ACQUITTEMENT D’ESTERHAZY


maintint, hors cadre, dans la première section de l’État-Major.

Il eut honte et souffrit, mais en secret.

Mercier, vers cette époque, commit, par précaution, un nouveau crime[1]. On se souvient qu’au lendemain de la condamnation de Dreyfus, il avait ordonné de disloquer le dossier secret et brûlé lui-même la notice biographique qui avait fait la conviction des juges. Il fut pris de peur quand il connut par Boisdeffre la désobéissance d’Henry et que Picquart avait eu entre les mains les pièces secrètes et le commentaire de Du Paty. Bien que cette note imbécile n’eût pas servi, elle était la preuve de la forfaiture. Gonse, d’ordre de Boisdeffre, la remit à Mercier qui la jeta au feu[2].

VI

Scheurer, qui était allé passer quelques jours en Alsace, et Zola, quand je leur annonçai la conclusion des experts, n’y voulurent pas croire[3] ; Monod se demanda « si l’on n’avait pas donné aux experts un faux fac-similé[4] ». Quand ils surent que mon renseigne-

  1. Art. 439 du Code pénal.
  2. Cass., I, 568 ; II, 340, Gonse ; II, 339, Mercier. — « Le fait, dit Gonse, s’est passé fin décembre 1897. »
  3. Scheurer m’écrivit : « Je ne crois pas à l’histoire d’un rapport défavorable des experts, parce que, jusqu’à preuve du contraire, je ne crois pas à la coquinerie de ces trois hommes. Nous dépendons de trois consciences… » Cependant, il était inquiet, mais sans rien regretter « de la campagne de justice et d’honneur que nous avons entreprise au milieu d’inavouables passions et d’intérêts méprisables ». (De Thann, le 29 décembre 1897.)
  4. Notes inédites.