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LE SYNDICAT


tière de la Calomnie[1] : « Les calomnies qu’on doit alléguer pour instruire ce procès devant le public doivent avoir deux qualités : l’une, d’être si certainement des calomnies qu’on n’en puisse pas raisonnablement douter ; l’autre, que ce ne soit pas seulement la faute d’un particulier, mais qu’elles soient accompagnées de circonstances qui fassent voir que votre Compagnie y avait pris part. »

Pourtant, quelle preuve d’un pareil dessein, et de cette invention monstrueuse ?

Que Du Lac (par Odelin) a fondé la Libre Parole et qu’apparemment il ne l’a pas donnée pour rien à Drumont ; — que le même Du Lac est le directeur de Boisdeffre et le voit tous les jours ; — que l’existence du Syndicat a été confirmée à Rochefort par un officier de Boisdeffre ?

On peut toujours discuter de ce genre de présomptions ; mais, voici la preuve écrite, tout le plan de campagne, qui faillit réussir, exposé, longuement développé par la Civiltà Catolica, l’organe officiel du Gésu :

L’émancipation des juifs a été le corollaire des soi-disant principes de 1789, dont le joug pèse au col de tous les Français. Ces juifs de France, augmentant toujours par l’émigration des juifs allemands, sont au nombre de cent trente mille[2].

Ils se sont emparés de la maçonnerie ; Dreyfus est à la fois juif et maçon[3] ; et la maçonnerie est, notoirement, maîtresse de l’État français. Ainsi, ils tiennent entre leurs mains la République, qui est moins française qu’hébraïque… Sur 260 milliards qui constituent la fortune de la France, les juifs en détiennent 80[4]. Ils règnent sur
  1. Paris, 1695.
  2. Le chiffre est faux : 71.200, dont 42.000 à Paris.
  3. Dreyfus n’était pas franc-maçon.
  4. Ces chiffres sont de pure fantaisie.