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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS
de Méline : « Nous assistons au réveil de l’esprit boulangiste. » cette phrase, en même temps qu’elle est très significative, est très dangereuse ; si la bourgeoisie venait à y ajouter foi, tout serait perdu.

Il faut que M. le général de Boisdeffre produise, en haut lieu, cette impression très nette qu’il agit par pur patriotisme et qu’il pousserait, à la rigueur, le désintéressement personnel jusqu’à donner sa démission pour parler plus librement, pour tout dire et tout démasquer.

Éviter de se placer sur le terrain, où veulent nous entraîner nos adversaires, d’une nouvelle lutte entre l’élément civil et l’élément militaire ; se maintenir sur le terrain de la lutte entre le sentiment patriotique et le syndicat cosmopolite[1].

Pellieux porta à Boisdeffre le plan du Napoléon des escrocs et Boisdeffre l’adopta.

III

Zola se préparait, à son procès. Deux anciens bâtonniers, pressentis par des amis communs, déclinèrent sa défense. Barboux, vieux républicain, esprit pénétrant et vigoureux, croyait à l’innocence de Dreyfus ; il m’avait offert de plaider pour moi contre Rochefort[2], heureux d’une occasion d’élever la voix dans cette grande lutte, de dire très haut son horreur de cette barbarie renais-

  1. Esterhazy garda deux copies de son plan : l’une de la main de Jeanmaire, secrétaire de Tézenas ; l’autre qu’il avait fait faire par Christian. Ce sont ces deux copies qui furent saisies par Bertulus. (Cass., I. 226 ; II, 236, scellé n°4, cote 9 ; Rennes, I, 343.)
  2. Il ne voulut jamais accepter d’honoraires.