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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


Le 1er février, le comte Bonin, sous-secrétaire d’État aux Affaires étrangères, fit à la Chambre des députés italiens une déclaration analogue[1].

Précédemment, Tornielli avait adressé à Hanotaux un second démenti au sujet de la prétendue lettre de Panizzardi à Schwarzkoppen où Dreyfus était nommé (le faux d’Henry) ; il croyait savoir qu’il en avait été fait usage au cours des procédures contre Esterhazy ; il protestait à nouveau, d’un ton toujours amical, mais plus vif, où montait un peu d’irritation[2].

Et, encore une fois, Hanotaux, Méline, Félix Faure, firent semblant de ne pas entendre. Croient-ils, vraiment, comme le déclare Drumont[3], qui n’en croit rien, que Bulow, au nom de l’Empereur, a menti comme un laquais ? que les Italiens, eux aussi, ont menti ?

La France, intoxiquée de mensonges, n’en douta pas.

    reçue de Munster. Il fit publier dans l’Agence Havas du 29 janvier une prétendue dépêche de Berlin : « Les journaux allemands démentent que l’ambassadeur ait communiqué au ministre la déclaration de Bulow. » Aucun journal allemand n’avait parlé de cette communication ; aucun ne l’avait démentie. (Temps. Siècle, etc., du 31 janvier 1898.)

  1. Séance du 1er février 1898 : « D’ailleurs, je puis affirmer de la façon la plus explicite que ni notre attaché militaire, ni aucun agent ou représentant du Gouvernement italien n’ont eu, jamais, aucun rapport direct ou indirect avec Dreyfus. » (En réponse à une question du député Del Balzo.)
  2. Cass., I, 401, lettre (du 15 janvier 1898 de Tornielli à Hanotaux : « C’est pourquoi, dans le même but amical, je pense qu’il ne saurait être superflu que je déclare une fois de plus à Votre Excellence que le colonel Panizzardi n’a jamais eu ni directement, ni indirectement, ni de près, ni de loin, de rapports avec Alfred Dreyfus, dont il a appris l’existence uniquement par le procès que tout le monde connaît. » — Hanotaux dit lui-même qu’il avisa Billot et Méline (Cass., I, 644.
  3. Libre Parole du 28 janvier. — De même, Judet : « L’Allemagne prépare la guerre. » (Petit Journal.)