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LA DÉCLARATION DE BULOW


les dessous d’un roman de portière[1] ; mais que, naturellement, elle était imaginaire et fausse de tous points. »

En d’autres termes, Schwarzkoppen n’a point reçu le bordereau qui a été porté intact au ministère français de la Guerre, après avoir été volé, dans son enveloppe, à l’ambassade d’Allemagne.

D’Ormescheville avait écrit, dans son acte d’accusation, que « Dreyfus pouvait se rendre en Alsace, en cachette, à peu près quand il le voulait, et que les autorités allemandes fermaient les yeux sur sa présence. » Bulow releva ce mensonge ; « Bien moins encore, dit-il, je n’ai entendu parler de facilités particulières qui auraient été accordées, de la part de l’Allemagne, à l’ex-capitaine. »

Il constata enfin que « l’affaire Dreyfus, si elle avait fait beaucoup de bruit, n’avait troublé en rien, à sa connaissance, les relations uniformément tranquilles entre l’Allemagne et la France ».

Cette déclaration catégorique fut télégraphiée aussitôt par les agences officielles, dans le monde entier.

C’était le jour même, 24 janvier, où Méline, devant la Chambre, avait, une fois de plus, repoussé la Revision, couvert Esterhazy.

Quelques jours après, l’empereur Guillaume se rendit chez l’ambassadeur de France, le marquis de Noailles, lui répéta les déclarations de Bulow ; Munster les communiqua verbalement à Hanotaux[2].

  1. In einem hintertreppen Roman.
  2. 29 janvier 1898. — Rochefort écrivit que s’il sortait de cette visite quelque complication diplomatique, il ne donnerait pas cinquante centimes de la peau des syndiqués… La bande Reinach nous dit : « Prenez garde à vous ! » Nous ne saurions trop lui conseiller de prendre garde à elle. » Intransigeant du 31 janvier.) — Hanotaux n’osa pas démentir la visite qu’il avait