de la Guerre un ami ou un client, mais pour plaider la cause de la justice, cette dame voilée ».
Poincaré et Bourgeois prononcèrent, en province, deux grands discours[1].
L’ancien ministre radical dénonça « la campagne qui attristait tous les bons Français », renchérit sur « son ami Cavaignac » : « Le Gouvernement n’a pas montré la netteté d’attitude nécessaire… Il faut mettre l’armée en dehors, et au-dessus de toute discussion… » — Il eût pu aider à dissiper la douloureuse équivoque, créée par les protecteurs d’Esterhazy, exploitée par les ennemis de la République ; il l’accepte, au contraire, et l’entretient. — L’ancien ministre modéré (il avait été le collègue de Mercier en 1894) traita « d’agitation superficielle » cette grande crise morale ; ce n’était même pas une « crise de nerfs[2] ».
« Ainsi vont les chefs de parti, s’écria Clemenceau, suivant moutonnement les foules qu’ils prétendent conduire. Qui osera te dire la vérité sur toi-même, ô peuple souverain, plus adulé, plus caressé, plus mystifié que les monarques, tes prédécesseurs[3] ! »
Brisson, du moins, protesta, dans une réunion maçonnique, contre le déchaînement des passions religieuses ; mais il resta encore dans le vague des doctrines et des métaphores :
- ↑ Le 30 Janvier 1898 : Bourgeois à Royat, Poincaré à Limoges.
- ↑ « Vous avez pu lire les mots qu’un de mes collègues de la Chambre a dits récemment au célèbre romancier italien d’Annunzio : « En rendant visite à la France, vous avez cru venir voir une jolie femme ; vous la trouvez dans une crise de nerfs. » Le trait, par bonheur, n’est pas tout à fait exact. Sous les agitations superficielles… etc. ».
- ↑ Aurore du 2 février. — Ranc, dans le Matin du 1er février. Guyot dans le Siècle, ne furent pas moins sévères.