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LES IDÉES CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES


cyclopédie[1] » ; la définissait : « Le massacre des prêtres, le meurtre, le pillage des églises, le génie de la Révolte, l’insurrection de l’homme contre Dieu[2] », — Satan[3].

Le petit-fils de Mme de Staël, d’Haussonville, après avoir rappelé ces définitions, ne trouva pas autre chose à répondre que ceci : « Je ne me sens point d’humeur, Monsieur, à prendre contre vous la défense de la Révolution française[4]. »

Par contre, il le félicita d’avoir « pour armes un globe surmonté d’une croix et pour devise ces deux mots : Nil ultra. Rien au-dessus de la Croix. Rien au-dessus de l’Église[5]. »

Quelques jours plus tard[6], un autre académicien. Vogüé, lui aussi député et « rallié à la République », fit, à son tour, une oraison funèbre, celle du régime parlementaire, des libertés publiques. Il recevait Hanotaux ; le ministre des Affaires étrangères succédait à Challemel-Lacour, proscrit de Décembre. Vogüé appela le coup d’État « une opération de police un peu rude[7] ».

  1. Discours à l’Académie.
  2. Discours prononcé à la clôture de l’Assemblée générale des membres de l’Œuvre des cercles catholiques, le 22 mai 1875, sous la présidence du cardinal Guibert, archevêque de Paris (I, 91, 92). — Ailleurs : « Voici tous les honnêtes gens d’accord pour condamner la Révolution. » (I, 50.)
  3. « Le génie de la Révolution, après avoir, pendant des siècles, tourmenté le monde de sa haine contre Dieu, s’est enfin incarné dans une dernière forme, et, celle-là, Joseph de Maistre a dit qu’elle était satanique ; sous cette forme, il s’est depuis quatre-vingts ans emparé de la France. » (I, 93.)
  4. Réponse au comte de Mun.
  5. « Telle a été, en effet, Monsieur, la devise de votre vie. »
  6. Séance du 25 mars 1898.
  7. Vogüé, en parlant des maîtres d’Hanotaux, de ceux qui s’étaient intéressés à ses débuts, passa sous silence Gabriel Monod qui l’avait successivement fait nommer boursier de l’École des Hautes Études, professeur à cette école, attaché aux archives diplomatiques, qui lui avait mis le pied à l’étrier. Hanotaux ne lui en avait rien dit.
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