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CHAPITRE II

L’ENQUÊTE DE PELLIEUX

I

Le gouverneur de Paris avait confié l’enquête sur Esterhazy au général de Pellieux[1] ; les officiers en non-activité, qui résident à Paris, relèvent du commandant du département de la Seine. L’enquête faillit être escamotée en quelques heures.

La Chambre, quand elle entendit la déclaration de Billot, et le pays tout entier, quand il la lut, et le monde entier, avaient compris qu’il s’agissait d’une instruction approfondie et complète. Mais, comme Billot, peut-être sans songer à mal, s’était tenu dans le vague, Saussier, sous la pression de Boisdeffre, prit les paroles du ministre dans le sens le plus restrictif. Il ne désigna pas Pellieux à titre d’officier de police judiciaire, mais de simple enquêteur, comme s’il s’agissait d’une dénonciation quelconque, pour une dette de jeu impayée ou quelque aventure féminine, et il lui donna des ordres

  1. Esterhazy dit qu’il en fut prévenu par Saussier. (Cass., I, 585.)