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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


les Reines d’Italie[1] et de Hollande, les Rois de Danemark et de Suède, ceux des Belges et des Grecs, s’informèrent de même et furent également édifiés. L’Empereur d’Autriche avertit sa nièce, la duchesse d’Orléans[2], et le Roi d’Italie son neveu, le prince Victor-Napoléon[3]. Le Pape voulut également savoir[4] et ses neveux allaient répéter dans Rome qu’Esterhazy était le traître. Quand le vieux roi Christian, père et aïeul de tant d’empereurs et de rois, apprendra l’acquittement d’Esterhazy, il laissera, de colère, tomber sa tasse et, pour la seconde fois de sa longue vie, il doutera de la France.

  1. La reine Marguerite répétait qu’ayant pris les renseignements les plus précis, elle était certaine de l’innocence de Dreyfus (Cass., I. 460, Monod).
  2. La duchesse d’Orléans le dit au comte de Blois, sénateur, qui le répéta à Ranc. — L’Empereur d’Autriche, en mai 1898, interrogea lui-même Schwarzkoppen, demanda des détails. Le marquis de Reversaux, ambassadeur de France, croyait l’Empereur favorable à Esterhazy, parce que d’origine hongroise. L’Empereur lui fit, un jour, l’éloge de l’armée française, puis ajouta : « Et pourtant Dreyfus est innocent ! »
  3. Le prince Victor le dit au commandant Blanc.
  4. Il dit, un jour, au duc de L… : « Vous, savez bien que l’affaire Dreyfus est un prétexte. »