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L’ENQUÊTE DE PELLIEUX


Paty et Esterhazy. Plus tard, seulement, il en vit un qu’avait conservé Marguerite ; elle en avait brûlé beaucoup ; sur celui-là, il lut, en toutes lettres, le nom de Boisdeffre[1].

C’était une note où Du Paty avait, vers la fin, altéré son écriture de façon assez singulière[2]. S’il est interrogé par Pellieux sur ses rapports avec Esterhazy, voici ce qu’il dira et qui sera « sensiblement vrai ». Il est intervenu auprès d’Esterhazy « pour empêcher un acte de désespoir », « modérer une exaspération légitime » ; il doit taire les moyens qu’il a employés, « pour ne pas compromettre des tiers vis-à-vis desquels il est engagé d’honneur » ; « le général de Boisdeffre n’est pas sans savoir qu’il a eu des relations indirectes avec Esterhazy ». Du Paty ne sait rien de la dame voilée ; il n’a rien communiqué de secret à Esterhazy ; il la engagé à rendre le document libérateur, « faisant appel à ses sentiments patriotiques », et il y a « réussi sans difficulté ». Ce n’est pas lui qui a dénoncé Picquart à Esterhazy. Tant qu’Esterhazy n’aura pas reçu « une lettre officielle de lui », le dégageant de sa parole, il n’est pas censé le connaître.

En conséquence, Du Paty priait Esterhazy de bien se pénétrer de ces indications, « car il importait qu’ils fussent bien d’accord ».

Enfin, la note « aux deux écritures » se terminait par ces bonnes nouvelles :

Tout va bien. La personne qui a été chercher les fameuses lettres de Picquart en style convenu est précisément l’auteur du télégramme signé Blanche, lequel est de

  1. Mémoire, 105.
  2. Du Paty reconnut la lettre et convint des circonstances où il l’avait écrite. Cass., I, 454 ; II, 194.)