opposé. Le véritable trésor de guerre, c’était celui des Assomptionnistes et des comités catholiques.
Mais Cavaignac avait accepté du premier jour l’invention des jésuites : le complot des juifs et des cosmopolites contre l’armée, et plus que jamais il y crut, d’une rage plus mauvaise, à chaque sottise nouvelle qu’il commettait, contre ce fantôme imaginaire, hanté bientôt par le projet d’une épuration en masse, « Le Syndicat, dit-il à Du Paty, se brisera contre moi, Cavaignac, comme contre ce mur[1]. » Il ne s’indigna nullement quand un sénateur radical, Baduel, conseilla d’arrêter Trarieux, et se confirmait dans son idée par la lecture des journaux nationalistes qui l’invitaient à « coffrer » tous les meneurs ; sinon, les assommeurs patriotes « abattront eux-mêmes les insulteurs de l’armée sur le pavé[2] ».
Alors que tant d’échecs successifs auraient dû le dégriser, il s’enivrait, lui qui avait été des plus ardents contre Boulanger[3], de l’encens des césariens, et souriait à la nouvelle « Boulange » que les journaux revisionnistes appelaient, d’un mot qui n’était pas moins bas, « la Cavagne ».
Au bout de huit jours, le jour était loin où il faisait appel aux intellectuels ; il les tenait, maintenant, pour des rebelles, puisqu’ils avaient refusé de se laisser convaincre par ses arguments. « La Turquie avait eu jadis une émeute de Softas » ; la France subissait « une insurrection de Lamdamine[4] ». Et l’on ne réduit les émeutes, même de lettrés, que par la force.