Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1905, Tome 5.djvu/11

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CHAPITRE PREMIER

CHAMBRES RÉUNIES

I

Ce débordement de l’Affaire, — partout et toujours Dreyfus, à la Chambre et dans la rue, à Versailles et à Reuilly, les jours où l’Assemblée nationale nomme le Président de la République, et les jours où les factions essayent de renverser la République, — ce pauvre homme sur son îlot qui était devenu l’axe de toute la politique, ces partis aux cadres brisés, ce pays bouleversé depuis dix-huit mois, incapables de s’occuper d’autre chose, une telle crise, née de l’injustice, ne pouvait finir que par la justice. On pouvait retarder encore la justice, obstruer encore sa route, chercher encore à l’intimider ; elle aussi, rien ne l’arrêterait plus. Il n’y avait pas dix jours qu’après avoir obtenu le vote de sa loi, Dupuy s’était cru, pour la seconde fois, débarrassé de l’innocent ; il avait alors Faure derrière lui, non plus sournoisement, mais ouvertement engagé ; les chefs des radicaux et ceux des modérés « n’avaient rien fait que de regarder la déroute et d’en être » ; les pointages de Lebret et de Mazeau étaient sûrs ; et les plus braves eux-mêmes, « les derniers Romains »,


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