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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS



le baron Fernand Chevreau de Christiani, âgé de quarante-deux ans, et sans autre profession que membre du Cercle de la rue Royale.

Concerté ou non avec les meneurs, le « geste » de Christiani parut admirable à la jeunesse royaliste qui redoubla ses cris, avec l’évidente intention de faire vider la place à Loubet, puis se colleta avec la police, maintenant en force. Les manifestants, la boutonnière ornée du bluet antisémite ou de l’œillet blanc, frappèrent les agents à coups de cannes, en blessèrent plusieurs[1]. Cela dura une demi-heure. Quand on eut arrêté une cinquantaine des plus enragés, presque tous à blason ou à particule[2], la fleur de l’armorial, il fallut encore repousser l’assaut de leurs amis qui essayèrent de les délivrer. Barillier s’esquiva, au moment où on allait

    qui êtes M. de Christiani ? — Oui, et je souhaite qu’il y en ait beaucoup comme moi. » (Éclair du 6 juin 1899.) — À l’audience, il allégua qu’il avait cédé à une « surexcitation subite » et à une « impulsion irrésistible » : « J’étais dans un état anormal. » Le tribunal n’admit pas l’excuse : « Attendu qu’il a agi de propos délibéré dans l’intention bien arrêtée d’outrager, en le frappant publiquement, celui que le vote des Chambres et la Constitution républicaine ont placé à la tête de la nation… »

  1. Touny, directeur de la police municipale, et l’officier de paix Grillières qu’il fallut transporter à une ambulance et que Loubet décora le soir même.
  2. Les marquis Philibert de Clermont-Tonnerre et Henri de Panisse-Passis ; les comtes Gaétan de Frémencourt, Albert de Dion, Maurice des Moustiers-Mérinville, Jean de Férol, Pierre d’Aubigny d’Assy ; les vicomtes Joseph de Reiset, Amédée de Lacombe, Ludovic de Truchy ; les barons Bézuel d’Esneval, Jean de Maulny, Rodolphe de Mandell ; Paul de Kergariou et Marc de Beaumont, officiers en non-activité ; de Piolenc, lieutenant d’artillerie, le même qui avait dénoncé autrefois son camarade Chaplin (voir t. III, 492), et Guélard, de l’artillerie de marine ; Leroux de Villiers, Pierre de Vallée, Maurice Langlois de Neuville, Redon de Beaupréau, Raoul de Laire, Alfred de Ferry, Antoine de Candé, Pierre de Meyronnet, Élie de Dorlodot, Pierre de Panisse, Jacques Balsan, industriel ; Antoine Carcel, cocher ; Barrio, employé ; etc.