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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


avait pas de connexité. Si vous en voyez une, établissez-la et qu’on vote sur cette connexité. Le gouvernement y consent. » Cochin dit encore que, sans discuter le fond, il ne comprenait pas plus la précipitation du gouvernement que son silence, manifestement calculé, à l’égard de la Chambre sur cette grosse affaire. Il s’inclinait, pour sa part, devant l’arrêt de la Cour. Cependant, ce n’était qu’un arrêt de renvoi. « Lorsqu’on attend encore le jugement définitif, peut-on exercer des poursuites ? »

Les socialistes (Millerand, Viviani) avaient déposé un ordre du jour qui excluait la confiance[1]. Sur la réponse de Dupuy à Cochin, ils tombèrent au plein du piège. Millerand déclara que, dès lors, « c’était sur l’approbation des mesures prises par le gouvernement qu’on demandait le vote de ses amis » et « qu’ils ne le marchanderaient pas[2] ».

Toute la Gauche vota, ainsi qu’une partie du Centre, plus de trois cents voix[3].

Alors seulement Deschanel donna lecture de la lettre

  1. « La Chambre, flétrissant les actes odieux de la réaction royaliste et cléricale, et attendant les mesures nécessaires à la répression du complot dont ces actes sont la manifestation… »
  2. L’ordre du jour de confiance avait été présenté par un ami personnel de Dupuy, Néron-Bancel : « La Chambre, flétrissant les scandales d’Auteuil et approuvant les déclarations du gouvernement… » — Sur l’intervention du prince d’Arenberg et sur l’attitude des loyalistes, voir p. 118, note 1.
  3. La première partie de l’ordre du jour fut adoptée par 472 voix contre 21 (Cassagnac, Drumont, Albert de Mun, Ramel, le duc de Rohan) ; la seconde partie par 315 voix contre 149, la droite, les nationalistes et les amis de Méline (Audiffred, Berger, Boucher, Charles Ferry). Méline lui-même s’abstint, ainsi que Ribot, Bouvier, Renault-Morlière, Barthou, Poincaré, quelques radicaux (Guieysse, Camille Pelletan) et Cluseret.