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DÉFENSE RÉPUBLICAINE

Il inclinait donc à s’associer Millerand, par un coup hardi, à la tâche qui allait lui être proposée, réserva cependant sa décision, le jour où j’eus cet entretien avec lui et quelques heures avant d’être appelé à l’Élysée. Avec des vues très profondes, qui dépassaient de beaucoup le moment présent, il était accoutumé à étudier une situation politique comme un dossier.

XII

Il se préoccupa d’abord du ministère de la Guerre, l’offrit à Casimir-Perier, ainsi qu’avait fait Poincaré, mais sans plus de succès, malgré Loubet qui joignit ses instances aux siennes, et décida aussitôt, sans plus chercher, d’y aller lui-même. Il se savait l’autorité nécessaire pour rétablir l’ordre dans l’armée, parlerait, en effet, aux chefs insubordonnés ou nerveux un langage qui serait entendu, et serait vite au fait des hommes et des choses s’il s’assurait d’un conseiller militaire expérimenté et dévoué. Il crut ces qualités réunies chez Galliffet, son ami personnel depuis de longues années et qui se faisait publiquement honneur de cette amitié, et, comme il savait ma liaison avec lui, il me pria d’aller le trouver dans sa retraite de Clairefontaine, près de Rambouillet, de lui proposer d’être son chef de cabinet et de l’y décider ; l’emploi était médiocre pour un homme qui avait commandé des armées et occupé les charges les plus élevées de la hiérarchie ; mais les circonstances étaient exceptionnelles et telles que chaque poste de combat devenait honorable ; et rien que l’adhésion de Galliffet signifiera que l’armée sera également défendue contre les injures et les sollicitations. L’idée