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CHAPITRE III

LE RETOUR DE L’ÎLE DU DIABLE

I

Depuis plusieurs jours, on annonçait l’arrivée du Sfax, avec Dreyfus.

Le 5 juin, à midi et demie (deux jours après l’arrêt de la Cour de cassation), le chef des surveillants à l’île du Diable entra précipitamment dans la case de son prisonnier. Dreyfus, déjà averti des conclusions de Ballot-Beaupré et de Manau, fut pris d’un grand tremblement. Le brave homme, très ému lui-même, lui tendit la dépêche officielle : « Veuillez faire connaître immédiatement au capitaine Dreyfus… En vertu de cet arrêt, le capitaine Dreyfus cesse d’être soumis au régime de la déportation, devient simple prévenu, est replacé dans son grade et peut reprendre son uniforme. » La note portait encore que le croiseur Sfax quittait ce même jour la Martinique pour le ramener en France[1].

Il y avait plus de six mois, « où chaque heure était de

  1. Une dépêche de sa femme, également du 3 juin, lui fut remise peu après.