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CHAMBRES RÉUNIES


blable…[1] » ; puis Quesnay, « l’espion volontaire qui est venu tout à coup vendre à la presse le résultat de ses délations contre des collègues qui avaient été des amis ». Or, non seulement « le juge naturel », la Chambre criminelle, n’a point démérité, mais il est surprenant que la Cour de cassation « n’ait pas encore été autorisée » à enquêter sur la communication clandestine des pièces secrètes aux juges de Dreyfus. Une telle violation du droit est « plus grave encore » qu’une condamnation injuste.

Billot était à son banc ; il se tut ainsi que Dupuy et Guérin ; il ne se trouva personne pour reprendre le fameux mensonge que Dreyfus avait été « légalement et justement condamné ».

Que disent les défenseurs de la loi ? Qu’il s’agit seulement d’une question de procédure ? Non, ce sont « les principes mêmes sur lesquels se fonde la sécurité individuelle autant que la liberté des citoyens ». « Vous ne laisserez pas toucher à ce trésor national, au dépôt sacré que nous tenons de nos pères. »

Tillaye, l’ancien ministre (démissionnaire) de Brisson, attaqua la Chambre criminelle sur le retard apporté au règlement de juges : « Parmi les témoins de cette triste affaire, il en est un qui est en même temps un accusé et qui ne demande qu’à rester en prison, à ne pas être jugé ! Il est l’artisan de la Revision… »

  1. Zurlinden protesta que le capitaine Herqué avait été seulement chargé de rendre compte de sa mission spéciale, « qu’il avait été amené » à signaler « les marques de déférence exagérée que Picquart recevait de certains membres de la Cour », mais que, « tout en approuvant l’initiative de cet officier », le gouverneur de Paris « n’avait pas cru devoir donner suite à ses rapports ». « Il n’y a rien dans cette manière d’agir qui permette de nous attribuer le sentiment bas d’espionnage… » (Lettre du 28 février 1899 au ministre de la Guerre.)