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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


à le dire : « Il a indiqué toutes les pistes au bout desquelles se trouvaient les preuves[1]. » Pourquoi pas les preuves elles-mêmes ? — Non, rien que les pistes, seulement le réseau de mensonges et de sottises qui aboutissent au faux impérial, ne s’expliquent que par le bordereau annoté ou l’expliquent. Voici quelques-unes de ces « pistes » :

Sa Majesté l’Empereur d’Allemagne s’occupait personnellement de ces affaires d’espionnage[2] ; il s’en occupait souvent[3] ; les chefs de cet espionnage correspondaient directement avec lui de Paris, de Bruxelles et de Strasbourg[4]. — Cette remarque n’est pas oiseuse, elle servira à faire apprécier l’importance de la déclaration de M. Mertian de Muller sur ce qui s’est passé, en 1894, au château de Potsdam[5]. — M. de Muller a vu, sur la table du cabinet de l’Empereur, un numéro de la Libre Parole où ces mots : « Le capitaine Dreyfus est pris » étaient écrits au crayon rouge… On a l’air de considérer le capitaine Dreyfus comme une personne que tout le monde connaît, sur laquelle il n’y a pas besoin de donner de détails[6]. — Ce système d’espionnage était parfaitement connu en Allemagne ; quand le colonel de Schwarzkoppen a pris plus tard le commandement de l’un des régiments de la garde impériale, ce régiment a été désigné dans l’armée allemande sous le nom de régiment Dreyfus[7]. — Il faut examiner avec une extrême méfiance les démentis de la diplomatie étrangère qui peuvent être opposés par raison d’État ;

  1. Barrès, 155.
  2. Rennes, I, 77, Mercier.
  3. I, 95.
  4. I, 77.
  5. Ibid.
  6. I, 94.
  7. I, 79.