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RENNES


cierge de l’ambassade où le document aurait été volé », — comme si la complicité du concierge avait été nécessaire à l’opération de la Bastian ou de Brücker, — « et qu’il n’était jamais arrivé de cette ambassade un document original entier », — ce que l’inspection du bordereau suffisait à démentir[1]. — Il n’y a d’ailleurs aucune créance à accorder aux tardives protestations des attachés militaires étrangers : l’Allemand, en 1894, alors que c’eût été le moment de le dire, n’a point déclaré « qu’il n’avait pas eu affaire avec Dreyfus » ; l’Italien a confié alors à son ambassadeur que son collègue allemand était en rapports avec le juif. — Incidemment, en manière de menace : « J’ai eu entre les mains une correspondance tout à fait intime (de Schwarzkoppen), compromettante pour l’honneur d’une tierce personne[2]. » — « J’ai eu sous les yeux, dit-il encore, toutes les pièces qui sont au service des renseignements[3]. » Et il ne dit rien des pièces capitales que Rollin ou Cuignet, ou tous les deux, ont retirées du dossier parce qu’elles sont favorables à Dreyfus[4]. — Enfin, quand il a déclaré à

  1. Rennes, I, 266, 268 et 276, Roget. — Voir t. Ier, 45. — Lauth lui-même convient « qu’il lui était arrivé d’avoir des lettres entières qui n’étaient pas déchirées ». (I, 610.)
  2. Ibid., 278 et 279, Roget.
  3. Ibid., 282.
  4. Notamment le procès-verbal de Du Paty, en 1894, d’où résulte qu’aucune feuille ne manquait aux cours de l’École de guerre saisis chez Dreyfus et, par conséquent, que Rollin et Cuignet ont faussement déclaré que ces cours étaient incomplets, surtout celui de fortification dont une copie a été saisie à l’ambassade d’Allemagne ; les registres du bureau où Valcarlos est inscrit pour une mensualité de 400 francs ; la note de Sandherr sur la lettre de Panizzardi où il est question d’un nommé « P… — et non D., comme Henry l’a récrit sur un grattage, — qui a porté beaucoup de choses intéressantes » ; la note de Fontenillat, du 6 novembre 1897, etc. (Cass., IV, 23, 209, 213.) — Voir t. IV, 476 et suiv.
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