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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS
ne l’a pas accueilli de nouveau avec son ordinaire complaisance[1] ? Mais auparavant Mme Henry, comme elle s’y était exercée, s’avança à la barre et l’invectiva : « Judas ! Judas[2] ! »
XIV
Demange avait surtout contre lui que la nature semblait l’avoir pétri mollement ; en somme, sans rien casser, il avait posé les questions qu’il fallait et, à plusieurs reprises, enfermé les généraux dans des dilemmes d’où ils n’étaient pas sortis avec les honneurs[3]. Labori, applaudi par toute la salle quand il reparut à la barre[4], se lança presque aussitôt dans l’offensive et s’y montra à la fois égal à lui-même, en haussant les débats au ton du drame, et plus maladroit que de rai-
- ↑ Rennes, I, 557, Gonse ; 649 et 650, Junck. — Voir t. IV, 78 et 79.
- ↑ Bertulus répondit simplement qu’il avait été prévenu, par une lettre anonyme, « qu’il serait interpellé de la façon qu’on venait de voir ». Mme Henry : « En effet, j’avais prémédité d’interpeller M. Bertulus. » (I, 367.)
- ↑ Barrès, 164 : « Avec la componction d’un maître d’hôtel qui passe le turbot, il présente des observations à Zurlinden et à Chanoine, qui ne voient pas le piège sous le persil, et quand il leur à mis dans l’assiette une horreur, de quel air bonhomme il le signale aux juges ! » — Chevrillon : « Massif, benoît, cordial, tempéré, prudent, discret dans ses questions, les lèvres pleines d’un sourire bienveillant à tous les partis comme à toutes les thèses, il oblige les juges et les généraux de l’aimer. »
- ↑ Presque tous les témoins, notamment Billot et Mercier, vinrent lui serrer la main. Jouaust lui adressa des compliments auxquels il répondit par un petit discours ému qui fut chaleureusement applaudi.