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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


point, était entendue. Il n’y eut pas de débat. Labori : « Mes conclusions se suffisent à elles-mêmes » ; Carrière : « La défense, qui a des moyens d’action puissants, pourrait peut-être obtenir officieusement la livraison des documents s’ils existent » ; Paléologue : « Les pièces énumérées au bordereau constituent le fond même du débat, mais la requête de l’accusé, fondée en logique et en justice, est inadmissible au point de vue diplomatique ». Les juges, à l’unanimité, repoussèrent les conclusions de la défense.

Ils ordonnèrent ensuite le huis-clos sur la déposition de Cernuski, mais sans le limiter aux noms de ses informateurs, malgré les instructions de Galliffet, dont Carrière ne dit pas un mot, et sans que ni Demange ni Labori intervinssent, parce qu’ils se flattaient de ramener l’imposteur à la barre et de l’y confondre publiquement.

Labori ayant notifié « le colonel de Schwarzkoppen et le général de Panizzardi comme témoins », Carrière répliqua « qu’il ne voyait aucun inconvénient à ce que ces messieurs fussent entendus par le conseil s’ils voulaient bien venir[1] ».

Carrière « ne voyait pas » Schwarzkoppen et Panizzardi déposant à Rennes ; Labori les « voyait », les interpellait déjà, regagnait par eux la bataille. Il leur télégraphia : « Un grave incident qui vient de se produire devant le conseil de guerre de Rennes oblige la défense du capitaine Dreyfus à faire appel à votre témoignage personnel. Votre témoignage a été sollicité officiellement par moi à l’audience de ce jour. Le commissaire du gouvernement en a reçu notification régulière. Cette demande vous sera transmise officiellement par la voie et selon la procédure diplomatiques. Vu l’urgence, je crois de-

  1. Rennes, III, 383, Carrière.