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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


monde d’esprits supérieurs, d’âmes droites et essentiellement nobles », n’ont pas de bornes.

À l’opposé, le spectacle donné par ces mêmes généraux, qui trouvaient moyen d’ajouter aux anciens sophismes et aux vieux mensonges, déchire le cœur des « sans patrie », des gens de Dreyfus, — « les amis de Dreyfus, quelle preuve de la trahison[1] ! » — L’un de ces « métèques », l’excellent Gast, « en pleurait de honte[2] ».

Cuignet, avec la raideur de l’idée fixe, signala un nouveau dossier secret, « relatif à un ambassadeur et à des personnages ayant occupé des situations importantes dans l’État[3] ». Comme Chamoin s’en était assez singulièrement muni « en prévision de l’incident[4] », on l’examina aussitôt[5]. C’étaient des rapports sur les visites de Scheurer, celles de Trarieux et les miennes à l’ambassade d’Italie, d’où résultait, selon Cuignet, que le « Syndicat » avait collaboré avec l’étranger pour sauver « leur » traître. Cet espionnage, organisé par Henry, avec le concours de Guénée[6], s’était poursuivi jusque sous Freycinet, mais à son insu[7].

Cuignet expliqua encore qu’il avait retiré des dossiers

  1. Barrès, 160.
  2. Lettre du 3 septembre 1899.
  3. Rennes, III, 352, Cuignet.
  4. Ibid., 350, Chamoin.
  5. Ibid., 452 (6 septembre).
  6. Procès Dautriche, 283, Targe ; 493, Gribelin. — Picquart n’en savait rien. (699.)
  7. C’est ce qu’il m’écrivit le 15 septembre : « J’ai, moi-même, étant ministre, figuré dans des rapports de cette nature. » (III, 815). D’autres « fiches » étaient relatives à Galliffet, Clemenceau, Eugène Dufeuille, Gohier, Arthur Meyer, etc. L’Action française du 1er janvier reproduisit deux de celles qui me concernaient : « M. Reinach se présente à 8 heures et demie à l’ambassade d’Italie où il passe quarante minutes… M. Reinach arrive à 7 h. 15 et sort à 8 heures. »