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RENNES


tres décisives de Waldeck-Rousseau et de Barthou sur de prétendus envois d’argent venant de l’étranger, qui auraient été constatés à la frontière[1] ; et finalement provoqua d’importantes déclarations sur le petit bleu. Zurlinden, après s’être défendu d’avoir attaché la même importance que Roget au fameux grattage, convint qu’il résultait de l’instruction Tavernier qu’on ne pouvait l’attribuer à Picquart, et Paléologue confirma que le petit bleu émanait de Schwarzkoppen ; ç’avait été son moyen ordinaire de communiquer avec Esterhazy et il l’avait fait attester par le comte de Munster à Delcassé[2].

Depuis près de deux ans, surtout depuis la mort d’Henry, la fausseté du petit bleu était l’argument principal des adversaires de la revision. S’il est authentique, si Zurlinden lui-même le reconnaît pour tel, le faux d’Henry n’est plus une riposte au faux de Picquart, c’est l’aveu qu’il n’y a pas de preuve contre Dreyfus.

Un journaliste anglais[3] obtint d’Esterhazy qu’il récrivît le bordereau ; il apporta cette réplique à Rennes, identique à l’original, la montra à qui voulait, était prêt à la déposer à la barre.

  1. Rennes, III, 447, Waldeck-Rousseau : « Le préfet du Nord, personnellement mis en cause, soit à la tribune de la Chambre, soit dans la presse, a déclaré formellement à la direction de la Sûreté générale qu’il n’avait jamais appris ni signalé aucun fait de cette nature. » Barthou : « Il résulte (d’une enquête ordonnée par Dupuy) qu’aucun fonctionnaire n’a, à aucun moment, adressé au ministère de l’Intérieur aucun rapport signalant l’envoi de fonds provenant de l’étranger en vue de la campagne revisionniste. Je tiens cette déclaration catégorique de M. Charles Dupuy lui-même. »
  2. Rennes, III, 477, Zurlinden ; Paléologue (note du 15 avril 1899). — Voir p. 73.
  3. Gibbons, rédacteur de la revue artistique Black and White. Le fac-similé du bordereau recopié par Esterhazy parut dans le numéro du 9 septembre 1899.