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CHAMBRES RÉUNIES


un démenti officiel afin d’éviter les commentaires de la presse[1]. »

Mazeau crut l’affaire réglée ; elle l’eût été, en effet, sans la ténacité enragée de Cuignet, la complaisance de Chamoin pour cet insensé et la faiblesse, plus pitoyable encore, de Freycinet. La séance était à peine levée que Cuignet faisait signer à Chamoin une déclaration sur l’écriture du décalque, « qui n’était pas celle de l’attaché italien[2] », et non seulement Freycinet n’en fit point part à Delcassé, qui n’eût pas hésité à accepter que le télégramme avait été chiffré par un secrétaire ou par un scribe quelconque, mais il fit déposer ce papier dans un nouveau dossier secret et il permit à Cuignet de lui recommencer son imbécile théorie sur le faux décalque[3].

Entre temps, Delcassé avait fait à la Cour une nouvelle communication ; l’ambassadeur d’Allemagne était venu lui déclarer que Schwarzkoppen reconnaissait avoir adressé à Esterhazy un certain nombre de cartes-télégrammes, et que, pour celle qui avait été saisie par Picquart, « il ne pouvait pas affirmer l’avoir écrite lui-même, parce qu’il ne l’avait pas vue, mais que c’était probable[4] ».

Aux audiences, dans le silence très fier de la Chambre criminelle, c’était la Chambre des Requêtes, en majo-

  1. Procès-verbal du 27 avril 1899. — Chambre des Députés, séance du 12 mai. — Le lendemain, Paléologue, en réponse à une lettre de Chamoin, déclara que ses allégations, au sujet de la pièce 44 visaient « uniquement » Du Paty et Henry. Il mettait ainsi Gonse hors de cause.
  2. Procès-verbal du même jour, 27 avril 1899. — Cette pièce fut portée l’année d’après, par Lasies, qui la tenait de Cuignet, à la tribune de la Chambre (18 décembre 1900).
  3. 29 avril 1899. (Lettre de Cuignet, du 17 décembre, à Waldeck-Rousseau.)
  4. Note du 15 avril 1899. (Dossier secret.)