Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1905, Tome 5.djvu/545

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CHAPITRE V

LA GRÂCE

I

L’acquittement de Dreyfus eût tout terminé, réconcilié l’armée, la nation avec elles-mêmes. La recondamnation, « faute de preuves d’innocence », le jugement peut-être le plus extraordinaire de l’histoire, les circonstances atténuantes pour la trahison, — c’est-à-dire, en apparence, le crime par excellence contre la patrie déclaré excusable par des soldats et, en fait, la fissure où passait, malgré eux, leur doute, l’aveu de leur incertitude ; — une réponse si contradictoire qu’on y peut voir également un verdict déguisé d’acquittement et un crime d’État qui a honte de lui-même, l’absurde autant que l’odieux d’une telle sentence, ce n’était pas une conclusion ; il n’y eut personne qui ne comprît que cette parodie de justice n’était pas le dénouement de la tragédie, et personne qui se flattât qu’un seul des combattants pour la Vérité désarmerait devant un tel défi à la raison et à la conscience.

Le premier sentiment du gros des revisionnistes (pour