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APPENDICE


le cas. D’où, sans vous ennuyer de plus longues réflexions, j’en arrive à conclure que le gouvernement ne peut entrer en lutte contre les arrêts réfléchis de deux conseils de guerre et, à mon avis, il entrerait en lutte s’il ne combattait pas tout ce qui peut, d’ailleurs sans résultat utile, prolonger l’agitation. Les Chambres seules pourront plus tard imposer à un ministère une pareille entrée en campagne. Ce ne sont que des réflexions. Amitiés.

Galliffet.


Mercredi, 13 septembre 1899.



Monsieur le Président du Conseil
et cher Collègue,

J’ai pu, depuis deux jours, recueillir l’impression de beaucoup de mes camarades de l’armée et je m’empresse de les porter à votre connaissance.

Aujourd’hui que la justice a suivi son cours régulier et que tout le monde s’est incliné devant le verdict du conseil de guerre de Rennes, chacun est envahi par la pitié. On constate que le condamné a subi, dans des conditions exceptionnellement dures, la moitié de la peine à laquelle il a été condamné au point de faire craindre pour sa vie. On sent que le moment est venu de pacifier les esprits, de mettre fin à nos querelles, pour nous permettre de songer aux besoins du pays et de ne pas oublier que l’Exposition universelle de 1900 doit ouvrir avec le nouveau siècle une ère de paix et de travail.

J’estime, et, en cela, je crois être d’accord avec la plupart de mes camarades, que M. le Président de la République nous obtiendrait les résultats que je me permets de souhaiter, s’il se décidait à signer un décret de grâce en faveur du condamné Dreyfus.