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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS

J’estime en même temps que cette mesure de souveraine pitié ne serait pas comprise de tous, s’il n’était pas résolu, en principe, de mettre pour toujours hors de cause les officiers généraux ou autres qui ont été mêlés à cette malheureuse affaire.

Il faut leur ouvrir les portes de l’oubli.

Croyez, Monsieur le Président et cher Collègue, à mes sentiments de haute considération.

Général Galliffet.


V

La grâce du capitaine Dreyfus.

MINISTÈRE DE LA GUERRE
Rapport au Président de la République française.


Paris, le 19 septembre 1899.


Monsieur le Président,

Le 9 septembre courant, le conseil de guerre de Rennes a condamné Dreyfus, par cinq voix contre deux, à dix années de détention ; à la majorité, il lui a accordé des circonstances atténuantes.

Après s’être pourvu devant le conseil de revision, Dreyfus s’est désisté de son recours.

Le jugement est devenu définitif et, dès lors, il participe de l’autorité même de la loi devant laquelle chacun doit s’incliner. La plus haute fonction du gouvernement est de faire respecter, sans distinction et sans arrière-pensée, les décisions de la justice. Résolu à remplir ce devoir, il doit aussi se préoccuper de ce que conseillent la clémence et l’intérêt