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CHAMBRES RÉUNIES


Roget, plus loquace que jamais, et Gonse, qui paraissait ennuyé, s’obstinèrent dans leurs dépositions précédentes au sujet de la scène entre Bertulus et Henry, et Bertulus, de même, maintint la sienne ; il parla avec beaucoup de force pendant plusieurs heures ; surtout, il retrouva dans les scellés l’une des pièces, avec le mot « Bâle », dont Roget avait contesté l’existence[1]. J’avais insisté pour être confronté avec le général qui m’avait pris à parti ; la Cour s’y refusa[2].

La déposition de Lépine, sur ses souvenirs du procès de 1894, porta beaucoup. Malgré le témoignage théâtral d’Henry et bien que l’accusé n’eût dégagé « aucune émotion communicative », l’ancien préfet de police avait cru, en quittant l’audience, à un acquittement. Il raconta qu’il avait remis à Henry une première note d’où résultait que Dreyfus était inconnu dans les cercles de jeu, une autre note sur ses prétendues relations avec des femmes galantes ; ces deux rapports, dont les minutes étaient encore à la Préfecture, avaient disparu, pour être remplacés par ceux de Guénée.

Du Paty opposa des démentis très nets aux divagations de Cuignet : « Qu’il apporte ses preuves ! » Sur ceux de ses actes qui n’étaient plus contestables, il dit

    Gonse du 30. — Freycinet désigne ainsi le commentaire de Du Paty : « la copie, à défaut de l’original qui avait été détruit… » Nécessairement, ni Mercier ni Gonse ne relèvent l’erreur.

  1. 25 avril 1899. (Cass., II, 18, Bertulus ; 22, Roget ; 24, Gonse.)
  2. Picquart rectifia, dans une lettre à Mazeau, quelques-unes des erreurs de Gonse (13 avril). Il me fit parvenir, par Gast, une copie de sa lettre, qui parut dans le Figaro du 9 mai ; Gonse y répondit le 13 (Cass., II, 352). — J’avais écrit à Mazeau, le 7 avril, pour être confronté avec Roget et, précédemment, pour porter à sa connaissance la lettre d’Henry à Papillaud (Tout le Crime, 629 à 631). — La Cour refusa de faire conduire Décrion aux lieux où il prétendait avoir caché des papiers d’Henry et d’Esterhazy.