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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


successeurs d’Henry. L’un des officiers du bureau établit un rapport pour « mettre le ministre en garde contre le danger de passer le service d’espionnage à la Sûreté, administration qui n’est pas faite pour cela[1]. » « À l’État-Major de l’armée, selon François, l’intention du ministre avait étonné (pour ne pas employer une autre expression) tout le monde[2]. »

Galliffet, beaucoup plus accessible aux influences que son physique, ses attitudes et son verbe tranchant ne le donnaient à croire, se laissa circonvenir. Il enleva seulement à la Section, rattachée au deuxième bureau, « les services de police et de contre-espionnage » et lui laissant la recherche des documents et des renseignements, n’y mit qu’une réserve : que les officiers ne s’aboucheraient plus que par intermédiaires avec les agents étrangers[3]. « Tout agissement incompatible avec la dignité de l’officier lui est interdit[4]. »

Rollin, relevé de ses fonctions, fut remplacé à la tête du bureau par François[5] qui garda Mareschal, Dautriche et Fritsch ; le nouveau service civil fut confié, sous la direction de Cavard, à Tomps, « la bête noire », depuis le temps d’Henry, de tous les policiers militaires. « On volait la section de statistique[6]. »

Dualité, c’est rivalité de services[7]. L’amour-propre

  1. 6 septembre 1899.
  2. Procès Dautriche, 156, François.
  3. Ibid., 645, et Chambre des députés, séance du 28 mai 1900, Galliffet.
  4. 13 septembre 1899.
  5. Procès Dautriche, 164, François ; 226, Rollin.
  6. Notes de François pour sa déposition devant la Chambre criminelle, (Revision, II, 120.)
  7. Sénat, 25 mai 1900, discours de Waldeck-Rousseau ; Procès Dautriche, 646, Galliffet : « Il y avait une corde un peu tendue entre les officiers de la S. S. et le ministère de l’Intérieur » 507, Cavard, etc.