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L’AMNISTIE


à un parti, ne doutaient pas que mon discours ne l’eût surpris et gêné. Le gros de la majorité se demanda si, après tout, il n’y avait pas quelque parcelle de vérité dans tout ce bruit et si l’agitation pour Dreyfus n’allait pas reprendre.

La veille de la rentrée des Chambres[1], le journal L’Éclair annonça à grand fracas qu’il avait la preuve que Waldeck-Rousseau lui-même avait présidé à l’organisation d’un complot de police pour ruiner le jugement de Rennes. Deux agents de la Sûreté générale étaient allés à Madrid pour s’y rencontrer avec le fameux Cuers ; la Sûreté avait essayé d’obtenir d’un agent du ministère de la Guerre la déclaration que le témoignage de Cernuski avait été payé par l’État-Major ; j’étais au courant de tout, mais j’avais parlé trop tôt.

XIV

Le bureau des Renseignements étant sorti des débats de Rennes encore plus discrédité que par le passé, Galliffet n’avait pas attendu la fin du procès pour annoncer son intention de le supprimer et de rattacher le service d’espionnage et de contre-espionnage à la Sûreté Générale[2]. Il en avait été ainsi sous Napoléon qui jugeait cette espèce de besogne nécessaire, mais salissante pour des officiers. Ce n’était pas l’avis des

  1. 21 mai 1900.
  2. Voir t. V, 475. — Sénat, séance du 28 mai 1900, discours de Waldeck-Rousseau : « Non seulement dans l’intérêt du service, mais dans celui de l’armée. » — Chambre des députés, séance du 28, discours de Galliffet : « J’étais résolu à réformer certains procédés qui me paraissaient regrettables. » — Procès Dautriche. 645.