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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


des radicaux[1]. Il ne les trompe pas, puisqu’il leur déclare son intention d’appliquer « dans le sens d’une large tolérance » ce Concordat « qui garantit les droits indéniés de la conscience », et que le premier grief qu’il évoque contre les réguliers, c’est qu’ils dépossèdent les séculiers : « Voici, dit-il, que nous trouvons les congrégations enseignantes dans les séminaires, la chaire occupée par les missions, l’Église de plus en plus menacée par la Chapelle. » Et il ne trompe pas davantage ses alliés socialistes, puisqu’il se déclare opposé « à la transformation de la propriété individuelle en propriété collectiviste par l’intervention de l’État ». Et cependant il y a malentendu entre eux, car ce qu’il considère comme devant être de longtemps tout l’objet de la politique républicaine, la dissolution des congrégations non-autorisées, ou leur retour à la loi, et la caisse des retraites ouvrières, radicaux, d’une part, socialistes, de l’autre, le considèrent comme une entrée de jeu.

Autres malentendus :

S’expliquant sur l’attitude des fonctionnaires, il dit que « les exigences de l’État à l’égard de ceux qu’il emploie » ne sauraient se contenter « d’une neutralité résignée » ; « sa règle fondamentale doit être de n’accorder sa confiance qu’à ceux dont il peut attendre un concours loyal et résolu ». Oui, sans doute, mais ce n’est là que l’une des faces du problème. Il faudrait ajouter qu’un mal au moins égal à celui de l’infidélité des fonctionnaires de l’ordre administratif, c’est l’intrigue, l’abus des recommandations, le favoritisme parlementaire. Il ne le dit pas, et, ne le disant pas, déchaîne les appétits.

L’organisation politique des Congrégations est re-

  1. Il me dit, peu après, comme je lui faisais compliment de succès : « J’ai été trop applaudi. »