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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS

III

L’Affaire ne reparut dans la politique, pour quelques jours, qu’aux élections générales (avril-mai 1902), et seulement dans un petit nombre de circonscriptions, celles où se portaient des candidats qui avaient pris ouvertement parti pour Dreyfus. Oubliée partout ailleurs, enfoncée dans le passé, elle y fut évoquée contre eux, surtout par les nationalistes, avec une violence extrême et contribua à la défaite de quelques-uns, députés sortants ou candidats nouveaux, Allemane et Viviani à Paris, Maurice Lebon à Rouen, Labori à Fontainebleau, le vieux de Witt, le seul député de Droite qui se fût prononcé pour la Revision. À Digne, où l’on avait répandu le bruit que la reprise de l’Affaire serait le signal de la guerre avec l’Allemagne, je subis un nouvel échec. Par contre, tous les ministres furent réélus, Jaurès retrouva ses électeurs de Carmaux, Pressensé fut élu à Lyon, Drumont battu à Alger[1]. Clemenceau, quelques jours avant, avait été nommé sénateur dans le Var[2].

Brisson, député de Paris depuis plus de trente ans, y fut mis en minorité au premier tour par deux concurrents nationalistes. Il aurait succombé au second devant leur accord[3] ; il se retira, fut recueilli par Mar-

  1. 27 avril et 11 mai 1902.
  2. 6 avril.
  3. Il eut, au premier tour, 5.362 voix contre 7.691 à ses deux concurrents nationalistes, Tournade et Houdé (Xe arrondissement, 2e circonscription). Au ballottage, Tournade, ancien officier, fut élu par 7.400 voix contre 4.737 au candidat radical, Christman, qui avait pris la place de Brisson.