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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


veton[1]. Le mot de « ministère de l’étranger » porta, s’enfonça comme une flèche.

Lasies raconta que Galliffet lui avait également montré la lettre ; pourtant, qu’il s’était refusé à la lui donner ou à la publier[2].

Galliffet, quand il connut l’affiche de Lemaître, vit la vilaine action qu’il avait commise et chercha à s’en dégager. Il écrivit au Journal des Débats « qu’il se refusait formellement à devenir l’accusateur du ministère dont il avait fait partie ; il était solidaire de tous ses actes jusqu’au jour où il avait résolu de rentrer dans sa retraite, et il n’avait confié à personne le soin de le disculper. » Mais c’était trop tard, et, en outre, il ne protestait pas contre cette appellation de « ministère de l’étranger » qu’il aurait appliquée « implicitement », selon Lemaître, au gouvernement où il avait siégé pendant un an. Il fut jugé sévèrement et méritait de l’être.

Syveton fut élu au premier tour[3]. Il l’eût été apparemment sans l’affiche, en raison du mouvement d’opinion qui s’était produit dans cet arrondissement de Paris, quartier de négociants et de petits bourgeois qui s’inquiétaient du socialisme et des complaisances des pouvoirs publics à son égard, et l’élection, si le Conseil d’État en avait été juge, aurait été validée. Mais les assemblées politiques, quand elles sont appelées à statuer sur l’élection de leurs membres, se décident par d’autres motifs que ceux qui déterminent les tribunaux de l’ordre administratif. Il n’y aura pas dans la nouvelle Chambre un seul républicain qui ne se sentira atteint

  1. 21 avril 1902.
  2. Libre Parole, du 24.
  3. Par 7.408 voix contre 5.939.