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Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1908, Tome 6.djvu/197

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LE BORDEREAU ANNOTÉ


« par l’accusation portée contre tout le parti et contre le pouvoir qui gouverne au nom de ce parti de subir systématiquement la direction de l’étranger[1] ». Ces procédés « anti-patriotiques » d’une Ligue qui prétend au monopole du patriotisme appellent un exemple, un vote de blâme contre les signataires de l’affiche et l’enquête sur l’élection[2].

Cavaignac, passé ouvertement au parti nationaliste, avait porté son âpre parole dans plusieurs grandes villes, mais sans succès. Il était persuadé plus que jamais de son infaillibilité et non moins inconscient de sa trahison. Ses nouveaux amis eux-mêmes en étaient gênés.

Le résultat des élections fut une victoire pour la politique de Waldeck-Rousseau et de la majorité républicaine, du « bloc » de gauche qui l’avait fidèlement suivi. Pour la première fois depuis l’établissement de la République, les élections se firent, non sur la forme du gouvernement, qui n’était plus en cause, ou sur de vagues programmes théoriques, mais, comme en Angleterre et selon le véritable esprit du régime parlementaire, sur la politique du cabinet[3]. D’un côté

  1. Chambre des députés, séance du 6 avril 1903, discours de Jaurès. — Voir p. 232.
  2. Les conclusions du bureau qui tendaient à la validation de Syveton furent combattues par Berteaux, député radical-socialiste de Seine-et-Oise, qui déposa la double motion de flétrissure et d’enquête. Syveton déclara que la Chambre était libre de l’invalider, mais qu’il ne lui convenait « ni de s’humilier ni de se renier ». Aynard, au nom du Centre, protesta contre la demande d’enquête, mais ses amis et lui auraient voté la première partie de la motion de Berteaux, si elle avait été présentée séparément. Le vote de « réprobation » fut rendu par 328 voix contre 64, l’enquête ordonnée par 278 voix contre 244. (Séance du 17 juin 1902.)
  3. Monod, Le Ministère et les Élections, dans le Siècle du 3 mai 1902 ; Wallier, Le vingtième Siècle politique, II, 247.