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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


mencé par l’accepter. Prestement, le malin vieillard se retourna. Tous les ordres du jour, dit-il, impliquent la confiance, la Chambre choisira. Par précaution, crainte de quelque incartade, il avait renvoyé André à son ministère.

On vote. On repousse la priorité pour la formule de Jaurès[1] et Chapuis est, de nouveau, le vainqueur de la journée[2].

X

Le public avait suivi distraitement ces longs débats, sans rien retrouver de ses anciennes passions. Il s’en étonna lui-même. On peut discuter de l’Affaire, on ouvrira demain toutes les enquêtes sans déchaîner les tempêtes, sans qu’une moitié de la France se rue à nouveau contre l’autre.

Jaurès, rien qu’en portant le bordereau annoté à la tribune, l’avait rendu inutilisable. Sous la lumière, la misérable pièce s’était effritée, était tombée en poussière. Personne, sauf Ferlet, n’y croit plus ; personne, à présent, n’y a jamais cru. Les juges de Rennes, interrogés par les journalistes, protestent qu’ils n’ont jamais accordé la moindre importance à l’imbécile histoire[3] ;

  1. Par 304 voix contre 196.
  2. La première partie de l’ordre du jour de Chapuis fut adoptée par 274 voix contre 211, la deuxième par 357 contre 78, les socialistes et quelques radicaux, Berteaux, Gouzy, Dubief, qui votaient d’ordinaire avec eux. Brisson s’abstint.
  3. Temps du 9 avril 1903, etc.