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L’ENQUÊTE


Sandherr, étaient datés par lui du 1er avril 1895. À chacun d’eux était jointe une copie, par Gribelin, de la lettre de Panizzardi. Gribelin, qui n’aurait pas changé une virgule, copia nécessairement la date : 28 mars, 3 heures du soir. Revenus au bureau, copies et bordereaux avaient été mis par l’archiviste dans des chemises qu’il avait également datées.

Il n’y avait qu’à rapprocher la copie de Gribelin de l’original de Panizzardi pour découvrir l’opération d’Henry ; puis, Gribelin reconnut sans hésitation la main d’Henry dans la mention, à l’encre rouge : « avril 1894[1] ».

Panizzardi, ce même jour où il annonçait à Schwarzkoppen « qu’il aurait l’organisation des chemins de fer », lui avait écrit une seconde lettre. Il le priait de presser diverses copies[2], ainsi qu’il le lui avait déjà demandé dans sa lettre précédente « que son domestique lui avait portée à trois heures ». Or, la Bastian avait ramassé également cette lettre[3], que Schwarzkoppen avait déchirée en même temps que l’autre, jetée en même temps au panier, comme l’attestaient les déchirures qui correspondaient mathématiquement[4] ; Sandherr l’avait fait également copier par Gribelin en double exemplaire, et Gribelin déclara qu’il avait fait cette copie le même jour, 31 mars ou 1er avril 1895, que celle de la lettre « des chemins de fer[5] ».

  1. Cour de cassation, 19 mars 1904, Targe ; 21 mars, Gribelin.
  2. « 28 mars, 6 heures du soir. Je vous prie, mon cher ami, de m’envoyer ce que vous avez copié du télémètre, car, comme je vous le disais dans la lettre que mon domestique vous a apportée aujourd’hui à 3 heures, j’en ai besoin devant envoyer le tout à Rome. »
  3. Pièce n° 267 du dossier secret, dite du télémètre à cause de cet instrument dont il y était question.
  4. Revision, II, 207, Baudouin.
  5. Cour de cassation, 21 mars 1904.
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