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L’ENQUÊTE


la solidité de son caractère et de sa science juridique

VI

Les conseillers de la Chambre criminelle reçurent (janvier 1904) le réquisitoire écrit de Baudouin et un mémoire de Dreyfus, son œuvre personnelle, d’une « objectivité » impassible. Peu d’hommes ont plus contribué que Bertillon à son malheur ; Dreyfus le réfute sans colère, presque avec indulgence ; le système, « absolument faux », « ne prouve autre chose que l’excès d’ingéniosité de son auteur[1] ».

La Chambre criminelle se réunit, le 3 mars, en audience publique.

Boyer, d’abord, donna lecture de son rapport, très concis, de parti pris froid et sec, rien que l’ossature, le squelette de l’Affaire[2]. Il écarte le bordereau annoté, ne croit pas que ce faux, s’il a existé, ait été communiqué aux juges de Rennes, convient de l’importance de la lettre que j’ai reçue de Munster[3], mais seule-

  1. Cass., IV, 421, Dreyfus.
  2. Il marque très bien le rôle décisif d’Henry au procès de 1894 : « La déposition la plus importante fut celle du commandant Henry. » (Cass., IV, 13.) — La Commission consultative de 1898 avait écrit dans ses considérants : « Il résulte de la procédure que le rôle d’Henry, au procès, avait été insignifiant. » (Voir t. IV, 292.)
  3. Une autre lettre de Munster (du 13 mars 1898, à la baronne Braulsen de Wielberghem), où il répétait que « ni l’ambassade ni les autorités militaires à Berlin n’avaient jamais eu de rapports avec Dreyfus », ainsi « qu’il l’avait déclaré officiellement », avait été produite par Mornard depuis l’impression du réquisitoire écrit de Baudouin. (Cass., IV, 36.)
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