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L’ENQUÊTE


lant et cherchant toujours, faisant ses plus belles découvertes. Duclaux guérit, retrouva l’usage de la parole, reprit ses cours, publia une étude, qui souleva des polémiques, sur « la valeur de l’alcool comme aliment ».

Puis, un soir, comme il lisait au coin du feu, « il poussa tout à coup un profond soupir » et expira[1].

Comme c’était l’âme la plus modeste et la plus simple, il avait demandé qu’aucun discours ne fût prononcé sur sa tombe ; mais un préparateur de l’Institut Pasteur dit ce mot, que tous les partisans de Dreyfus auraient pu répéter et qui résume tout l’homme : « Nous avons perdu notre conscience. »

VIII

La chambre criminelle ne perdit pas un jour. Tout de suite elle se mit au travail, résolue cette fois à tout savoir, à tout voir par elle-même et à faire descendre enfin le rideau sur cette tragédie qui durait depuis dix ans. Elle réclama tous les dossiers sans exception[2], même ceux des affaires connexes, et, ayant appris qu’il y avait des documents dans une armoire scellée à l’État-Major, elle en ordonna la saisie. Une commission de trois membres dépouilla toutes les pièces[3].

  1. Vie de Duclaux, 329.
  2. « Toutes les pièces lui furent remises. André avait écarté d’abord du dossier quelques correspondances galantes (76 pièces, n° 159 à 235, lettres de Mme X… à Schwarzkoppen) volées à l’ambassade d’Allemagne, et « qui n’avaient aucun rapport avec l’Affaire ». (Cour de cassation, 21 mars 1904, Targe.) Mais la Cour les réclama. Elle se fit remettre également d’autres lettres, d’un ton très libre, nos 236 à 317. (Revision, I, 585 et 586.)
  3. 7 à 15 mars 1904.