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L’ENQUÊTE


X

Bien qu’André, dans sa chasse aux documents, n’eût trouvé aucune trace du bordereau annoté, la plupart des conseillers tenaient pour certain que l’esprit des juges de Rennes avait été obsédé par le faux impérial et que les savantes réticences de Mercier, son récit de la prétendue « nuit historique », tant d’articles de journaux concertés avec lui ou avec Boisdeffre, les avaient égarés dans des conjectures mystérieuses[1]. La Cour décida, en conséquence, d’étendre ses recherches au document-fantôme, entrevu si souvent pendant la tempête et dont les apparitions avaient subitement cessé depuis un an.

Son enquête ne fut poussée plus avant sur aucun point. Si elle hésita, par scrupule juridique, à demander aux juges de Rennes sur quels motifs ils s’étaient déterminés[2], elle fit interroger Merle, par commission, sur sa conversation avec le docteur Dumas ; elle interrogea elle-même les principaux propagateurs de la légende et quiconque, par la situation qu’il avait occupée ou par son rôle dans l’Affaire, aurait pu en savoir quelque chose.

La déposition la plus importante fut celle de Casimir-Perier, puisque c’était lui « qui aurait, par raison

    servé, je dois le dire, qu’il ait articulé devant moi des faits inexacts. » Sur le fait relevé par Baudouin, il dit qu’il n’en a gardé aucun souvenir.

  1. Mémoire Mornard, 549 ; Baudouin, Réquisitoire, 437 et suiv.
  2. La Chambre criminelle avait pris la même décision lors de l’enquête de 1899. (Voir t. V, 61.)