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L’ENQUÊTE


car Lajoux a rendu « les plus grands services » à l’État-Major français qui l’en a, d’ailleurs, fort mal récompensé. « C’est à un autre » qu’il pensait, « persuadé » qu’il était « que personne en France n’ignorait les vrais coupables » ; ils étaient, déjà « à cette époque, à l’abri depuis longtemps », « gardés, l’un par la loi qui ne permet pas de poursuivre un acquitté, l’autre par la mort ».

Impossible de désigner plus clairement, sans les nommer, par une formule plus étroite, Esterhazy et Henry.

Péroz, bien que Dame le priât de « garder cette lettre entre eux », la porta à la Cour de cassation[1], parce qu’il n’avait pas le droit de laisser peser sur Lajoux, quelque misérable que fût l’individu, l’accusation qu’il avait mise par erreur dans la bouche de l’ancien chef du service des Renseignements à Berlin. C’était l’homme du monde qui savait le mieux de quelles trahisons françaises l’Allemagne avait tiré profit. Dan*e a eu sur sa liste les noms d’Esterhazy et d’Henry ; celui de Lajoux n’y a point été écrit.

XIV

Le témoignage de Dame était venu spontanément à la Cour ; elle aurait voulu recevoir ceux de Schwarzkoppen et de Panizzardi. Non seulement Dreyfus les réclamait, comme il avait déjà fait à Rennes, mais aussi Zurlin-

  1. 16 mai 1904. — Voir Appendice VI.